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au foyer, et la couleuvre se glisse parmi les pierres. Les villes meurent comme les hommes, et Fontarabie est une ville morte. Seule, la maison de Dieu est restée debout ; l’or brille au sanctuaire d’un éclat tout neuf ; et la cité à moitié déserte, qui ne peut soutenir ses toits, a élevé récemment un magnifique retable dans son église.

En quittant la rue principale, où s’est réfugié un reste de vie, on passe par des ruelles à moitié écroulées, où le pas d’un vivant sonne comme dans une nécropole. Ces rues feraient le désespoir d’un philistin ; mais ce ne sont pas les moins belles pour l’artiste. Les anciennes formes des temps qui ne sont plus y subsistent intactes à travers les dégradations et les ruines. L’affreuse maçonnerie moderne ne s’y montre nulle part, et au moins nul guide du voyageur, nul dictionnaire géographique ne dira de Fontarabie : « Jolie petite ville propre, bien bâtie, bien pavée, tirée au cordeau. »

Du haut des remparts, on découvre le golfe de Gascogne, la grande mer où quelques chevaux d’écume secouent leur crinière d’argent. — Là-bas, au delà de ce bleu infini, est l’Amérique, le nouveau monde d’où jadis les galions apportaient l’or des Incas aux rois

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