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Les docks des Indes Occidentales sont quelque chose d’énorme, de gigantesque, de fabuleux, qui dépasse la proportion humaine. C’est une œuvre de cyclopes et de titans. Au-dessus des maisons, des magasins, des rampes, des escaliers et de toutes les constructions hybrides qui obstruent les abords du fleuve, vous découvrez une prodigieuse allée de mâts de vaisseaux qui se prolonge à l’infini, un inextricable fouillis d’agrès, d’esparres, de cordages, à faire honte, pour la densité de l’enlacement, aux lianes les plus chevelues d’une forêt vierge d’Amérique ; c’est là que l’on construit, que l’on radoube, que l’on remise cette innombrable armée de navires qui vont chercher les richesses du monde, pour les verser ensuite dans ce gouffre sans fond de misère et de luxe que l’on nomme Londres. Les docks de la compagnie des Indes Occidentales peuvent contenir trois cents vaisseaux. Un canal, tracé parallèlement aux docks, qui coupe la presqu’île des Chiens, et qu’on appelle le canal de la Cité, raccourcit de trois ou quatre milles

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