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Après avoir fait quelques pas sur la route de Pantin, un chemin se présente à la droite des promeneurs. C’est celui-là qu’il faut suivre ; c’est la spirale infecte qui, à travers mille horribles détours, vous conduira au dernier cercle de cet enfer nauséabond.

Des ornières où les roues des charrettes plongent jusqu’au moyeu, sillonnent cette chaussée défoncée par les pluies, et qui est plus impraticable qu’un chemin de Bretagne ou d’Afrique.

À mesure qu’on avance, la physionomie du paysage devient étrange et sauvage ; la végétation disparaît complétement, il n’y a pas un seul arbre, un seul arbuste dans tout ce rayon, pas un bouton d’or, pas une herbe, pas un brin de folle-avoine ; la terre, brûlée par des sels corrosifs, dévore les germes que le vent y sème et ne peut rien produire ; les oiseaux évitent de passer au-dessus de cet Averne, bien plus méphitique que celui dont parle Virgile.

Pour ôter toute fuite au regard et le concentrer dans ce lieu d’horreur, l’horizon est fermé par des collines chauves, pelées, accroupies au

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