< Page:Gautier - Zigzags.djvu
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 349 —

au loup ; les deux bêtes se renversaient, se foulaient aux pieds, et se mordaient consciencieusement ; tous deux étaient souillés de sang, d’écume, de poussière et de bave. Le loup avait pris le chien sous la gorge, mais le chien lui rongeait le dessus de la tête ; le loup, outré de douleur et aveuglé par son sang, lâcha prise un instant ; le chien, dégagé, fit un saut en arrière, et, s’élançant de nouveau, emporta un grand lambeau de chair de la cuisse de son adversaire : ce qui ajoutait encore à l’intérêt de ce combat, c’était les cris et les gestes frénétiques du propriétaire du chien, qui en suivait les alternatives avec la sollicitude la plus passionnée. Il exhortait son chien, il lui adressait des conseils : « Saute-lui au cou, mords-le, déchire-le, ce gredin, ce brigand de loup ; ô le brave chien ! Prends-le à l’oreille, mon petit, c’est plus sensible ; comment ! toi, tu te laisserais battre par un mauvais loup pelé, un loup galeux, éreinté, qui n’a que le souffle ; tu ne devrais faire qu’une bouchée d’une rosse pareille ; ah ! canaille de chien, tu renonces ; tu veux que je meure de

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.