Voici donc, pour en finir avec Cambrai, l’aspect de l’endroit que nous livrons bénévolement aux amateurs de couleur locale. — Terre bleue, ciel eau du Nil plombée, maisons feuilles de roses sèches, toits violet d’évêque, habitants potiron clair, habitantes jaune paille. — Cambrai est une excellente ville pour encadrer un roman intime ; si nous nous livrions à ce genre de divertissement, nous en aurions levé le plan, et nous y aurions mis une ou deux paires de héros et d’héroïnes plus ou moins adultères et phtisiques, ce qui eût été du meilleur effet.
Cambrai passé, la campagne prit un caractère tout différent de ce que j’avais vu jusqu’alors ; l’approche du nord se faisait déjà sentir, et il vous arrivait dans la figure quelques bouffées de son haleine glaciale. J’avais quitté Paris la veille en chemise et par une chaleur de vingt-six degrés ; je trouvai en vingt heures de distance que ma vertu n’était pas un habit suffisant, et je m’emmaillotai soigneusement dans mon manteau.