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pavé pouvait passer pour la terre natale, et nous n’avions que des pavés à embrasser !

En attendant que la visite fût finie, nous nous jetâmes, tout altérés de couleur locale et crevant en outre de soif, dans le triomphant estaminet du Lion Belge, où nous nous répandîmes dans le corps plus de bière qu’il n’en pouvait raisonnablement tenir. Ce fut un déluge de faro, de lambic, de bierre blanche de Louvain, à mettre à flot l’arche de Noé. Nous prîmes aussi du café belge, du genièvre belge, du tabac belge, et nous nous assimilâmes la Belgique par tous les moyens possibles.

Étant retourné sous le hangar, j’assistai à l’ouverture des malles des deux dames du coupé dont j’avais si subtilement évité la compagnie et le perroquet. C’était une singulière collection d’oripeaux, de blondes jaunes, de pots de pommade et autres ustensiles plus ou moins congrus. L’une de ces dames, si respectables à cause de leur grand âge, était une modiste parisienne qui s’en allait en Russie ; l’autre, une cantatrice portugaise qui s’en allait en Angle-

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