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frais ombrages, dans les eaux pures de l’Eurotas. Un bruit se fait entendre dans la feuillée ; des femmes s’échappent à demi nues, et la reine, restée seule, reçoit dans ses bras le cygne divin.

Ce rêve donne à Faust l’idée d’où sortiront les scènes étranges qui se préparent. L’apparition fantastique qui a eu lieu dans le palais lui a laissé, comme on l’a vu, une impression extraordinaire. S’il a saisi la clef magique dans la scène que nous avons rapportée, c’était pour attaquer le spectre de Pâris, qu’il n’a pu voir sans jalousie tenter d’enlever Hélène. Mêlant tout à coup les idées du monde réel et celles du monde fantastique, il s’est épris profondément de la beauté d’Hélène, qu’on ne pouvait voir sans l’aimer. Où est-elle ? elle existe quelque part dans le monde, puisque l’art magique a pu la faire apparaître. Fantôme pour tout autre, elle représente un objet réel pour cette vaste intelligence qui conçoit à la fois le connu et l’inconnu.

C’est par ce dénoûment que la scène se lie à l’intermède qui va suivre. Il semble que, dans cette partie, l’auteur ait voulu donner un pendant à la nuit de sabbat de la première partie, en créant, cette fois, une sorte de sabbat du Tartare antique. Erichto ouvre la scène, et décrit les terreurs de cette nuit orageuse, qui se passe aux champs de Pharsale. Faust et Méphistophélès passent bientôt, portés sur le manteau magique, et guidés par Homonculus, qui voltige dans l’air en les éclairant, comme le follet du premier sabbat. Les sages de la Grèce, les sphinx et les sirènes, rêvent leurs pensées et chantent leurs chants. Méphistophélès les interroge curieusement, et discute avec eux sur des points d’histoire et de philosophie.

Pendant ce temps, Faust se transporte aux rives du Pénéios et se plonge dans ses flots en interrogeant les nymphes qui l’habitent. Il rencontre Chiron, qui l’invite à sauter sur son dos et lui fait traverser le fleuve ; ce centaure l’emporte aux champs de Cynocéphale, où Rome vainquit la Grèce.

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