toutes les croyances en attaquant toutes les illusions.
Mais la poésie, d’humble naissance comme toi, est aussi une pieuse bergère ; elle te couvre de tous les privilèges de sa divinité, elle t’environne d’un cortège d’étoiles, et répand la gloire autour de toi… Ô toi que le cœur a faite ce que tu es, tu vivras immortelle !
Le monde aime à obscurcir tout ce qui brille, à couvrir de fange tout ce qui s’élève. Mais ne crains rien ! Il y a encore de bons cœurs qui tressaillent aux actions sublimes et généreuses ; Momus fait les délices de la multitude, un noble esprit ne chérit que les nobles choses.
LE GANT
Le roi de France assistait à un combat de bêtes féroces, entouré des grands de sa cour, et un cercle brillant de femmes décorait les hautes galeries.
Le prince fait un signe : une porte s’ouvre, un lion sort d’un pas majestueux. Muet, il promène ses regards autour de lui, ouvre une large gueule, secoue sa crinière, allonge ses membres, et se couche à terre.
Et le prince fait un nouveau signe : une seconde porte s’ouvre aussitôt ; un tigre en sort en bondissant ; à la vue du lion, il jette un cri sauvage, agite sa queue en formidables anneaux, décrit un cercle autour de son ennemi, et vient enfin, grondant de colère, se coucher en face de lui.
Le roi fait un signe encore : les deux portes se rouvrent et vomissent deux léopards. Enflammés de l’ardeur de combattre, ils se jettent sur le tigre, qui les saisit de ses griffes cruelles. Le lion lui-même se lève en rugissant, puis il se tait, et alors commence une lutte acharnée entre ces animaux avides de sang.
Tout à coup un gant tombe du haut des galeries, lancé par une belle main, entre le lion et le tigre, et la jeune