Avoir pitié de toi, Blanche ! moi qui t’adore !
Ce que Gaucher disait, François le dit encore.
Tu m’aimes et je t’aime, et nous sommes heureux !
Être roi ne saurait gâter un amoureux.
Enfant ! tu me croyais bourgeois, clerc, moins peut-être.
Parce que le hasard m’a fait un peu mieux naître,
Parce que je suis roi, ce n’est pas un motif
De me prendre en horreur subitement tout vif !
Je n’ai pas le bonheur d’être un manant, qu’importe !
Comme il rit ! ô mon Dieu, je voudrais être morte !
Oh ! les fêtes, les jeux, les danses, les tournois,
Les doux propos d’amour le soir au fond des bois,
Cent plaisirs que la nuit couvrira de son aile ;
Voilà ton avenir auquel le mien se mêle !
Oh ! soyons deux amants, deux heureux, deux époux !
Il faut un jour vieillir, et la vie, entre nous,
Cette étoffe, où, malgré les ans qui la morcèlent,
Quelques instants d’amour par places étincellent,
N’est qu’un triste haillon sans ces paillettes-là !
Blanche, j’ai réfléchi souvent à tout cela,
Et voici la sagesse : honorons Dieu le père,
Aimons et jouissons, et faisons bonne chère !
Ô mes illusions ! qu’il est peu ressemblant !