Il voit, il adore, il s’effare ;
Il entend le clairon du ciel,
Et l’universelle fanfare
Dans le silence universel.
Avec ses fleurs au pur calice,
Avec sa mer pleine de deuil,
Qui donne un baiser de complice
À l’âpre bouche de l’écueil,
Avec sa plaine, vaste bible,
Son mont noir, son brouillard fuyant,
Regards du visage invisible,
Syllabes du mot flamboyant ;
Avec sa paix, avec son trouble,
Son bois voilé, son rocher nu,
Avec son écho qui redouble
Toutes les voix de l’inconnu,
La solitude éclaire, enflamme,
Attire l’homme aux grands aimants,
Et lentement compose une âme
De tous les éblouissements !
L’homme en son sein palpite et vibre,
Ouvrant son aile, ouvrant ses yeux,
Étrange oiseau d’autant plus libre
Que le mystère le tient mieux.
Il sent croître en lui, d’heure en heure,
L’humble foi, l’amour recueilli,
Et la mémoire antérieure
Qui le remplit d’un vaste oubli.