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crevions pas de faim. Nous nous privâmes

de viande. Le pain sec trôna dans notre foyer trois jours par semaine ; pour tout économiser, nous n’allumâmes plus qu’un seul narguilé, dont le tchibouk passa d’une main à l’autre, d’une bouche à l’autre. C’était dur, mais nous arrivions quand même en mars, quand une nouvelle nous remplit de joie : Sélina annonçait son départ du Vénézuela et son retour, à trois ou quatre semaines de là.

Hauts cris !… Effusions débordantes !…

« Savez-vous quelque chose ? » nous dit un jour Set Amra, mystérieusement. « Stavro est beau garçon. Sûrement Sélina s’amourachera de lui, et alors votre générosité envers moi sera largement compensée. Eh ? Qu’en dis-tu, Stavro ? »

Qu’en disait Stavro ? Eh bien, il perdit la tête, comme d’habitude !… Il la perdit si bien, qu’il fit tourner celle de Barba Yani, et tous les trois, l’arthritique avec, nous nous mîmes à danser en rond pour célébrer mon prochain mariage avec Sélina, qui ne se doutait de rien !…

J’allai droit devant moi, comme le cheval sourd ; considérant la maison comme ma propriété future, je m’aperçus que le gravier de la terrasse laissait s’égoutter l’eau des pluies dans les chambres.

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