qui louent le plus Clausewitz d'avoir compris toute la force et toute la grandeur de la méthode napoléonienne, éliminent de l'œuvre de Clausewitz toute la partie où il exalte la défensive. Ils savent bien pourtant que ce n'est pas un esprit timoré et languissant, mais audacieux, concentré et actif. Et si dans l'époque même où la méthode offensive, maniée par Napoléon, a produit ses effets les plus fulgurants et les plus terribles, il donne pourtant la préférence à la défensive, c'est qu'il a, d'un regard étendu, saisi l'ensemble d'une période tragique, où abondent pour l'esprit méditatif et libre les leçons de tout ordre. Il serait très dangereux, par une sorte d'obsession napoléonienne. de mutiler le vaste enseignement des faits. Il serait funeste que, par un parti pris d'offensive immédiate et superficielle, qui ne répond pas pour la France aux conditions présentes d'action et de salut, les chefs de notre armée fussent entraînés à jouer la partie sur un coup de dés. Il serait au moins aussi funeste que, tiraillés entre ce système a priori de l'offensive et les nécessités de tout ordre, qui imposent à la France une première période de défensive, ils hésitent et se perdent dans la contradiction des méthodes et l'incohérence des pensées. C'est à la France elle-même à se saisir du problème. Il y va sans doute de sa vie.