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quand il le fallait, à concentrer son action. C'est lui qui insiste le plus auprès de la Cour et de Mazarin, pour que l'armée française, par une marche hardie à travers l'Allemagne, rejoigne l'armée suédoise et se combine avec elle.

Le cardinal de Mazarin avait trouvé bon que M. de Turenne concertât avec M. Torstenson, général des Suédois, que les armées de France et de Suède se joignissent au commencement de la prochaine campagne pour remédier aux inconvénients que l'expérience avait appris être presque infaillibles pendant leur séparation. Les deux armées agissant toujours séparément, l'une vers les pays héréditaires (l'Autriche proprement dite), et l'autre le long du Rhin et dans le cercle de Souabe, l'armée de l'Empereur et celle de Bavière étant au milieu, envoyait des secours contre celle qui les pressait le plus et rendaient presque infructueux tous les avantages que l'on avait par des combats.

Les forces françaises et suédoises, aussitôt concentrées, marchent à l'adversaire, d'un mouvement rapide, pour le contraindre à une lutte à fond. Et Turenne constate, avec sa discrétion courtoise, que l'archiduc, chef de l'armée ennemie, s'est perdu par sa lenteur et son indécision.

On a un peu blâmé M. l'archiduc d'avoir été trop long à prendre parti, ce qui lui coûta bien cher… Comme il n'était encore que deux heures de l'après-midi, quoique l'on eût bien fait six heures de chemin avec une grande armée et un bien grand bagage, on marcha encore trois heures ce jour-là, toujours dans l'intention de couper â l'ennemi le chemin du Mein ; ce qui réussit par sa lenteur à se résoudre, de sorte que le soir on arriva entre Francfort et Hanau en un lieu qui ôtait à l'ennemi le moyen de se retirer sur le Mein sans combattre. Sa défaite se serait changée en désastre si le duc Ulrich de Wurtemberg n'avait pas empêché, par son obstination héroique le passage d'un gué difficile. Sa cavalerie y resta pendant des heures sous le canon français, qui tirait à une portée de mousquet.

Presque tous les cavaliers périrent ; mais l'armée des impériaux put se replier. Elle laissait Turenne maître des plus riches quartiers de l'Allemagne. Et c'était alors la condition même du recrutement et de la force des armées, c'est-à-dire de la victoire et des résultats décisifs.

Cette différence donne des avantages pour la prochaine campagne,

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