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vière, j’ai cherché des endroits déserts, j’avais besoin d’être seul.

À la tête d’une fortune ! — Si jeune, à mon âge, sans que j’aie besoin d’en rendre compte à mes parents, avec le droit d’en disposer comme je l’entendrai, de faire des folies ou d’économiser, de mettre cet argent dans un pot ou de le jeter par les fenêtres !

Il y a peut-être un crime là-dessous.

Non, M. Buzon le destinataire, est un honnête homme, il a une bonne figure, — même l’air un peu bête ; — j’ai entendu dire que les criminels n’ont jamais l’air bête. M. Buzon a une situation à l’abri du soupçon.


Cependant ! — Je ne sais pas, moi, si je dois garder l’argent de ce monsieur !… Oh ! j’ai eu tort. Je suis un petit mendiant.


« Dis, mademoiselle Balandreau, tu le lui rapporteras, je t’en prie ! tu diras que je l’ai pris sans savoir… »

Et je n’ai pas de cesse que je ne l’aie entraînée par sa robe jusque devant la porte du monsieur « au rognon ».

Je suis caché dans un coin et je regarde si elle entre.

Quand elle sort, elle me dit : « C’est fait », et elle m’embrasse en se frottant le nez plusieurs fois.

« Mais tu pleures !

— Cher petit ! fait-elle en ne cachant plus ses larmes, et en s’essuyant les yeux. Le brave homme, il ne voulait pas reprendre la pièce. Je lui ai dit qu’il le fallait. Je

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