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COMPLAINTE DU TEMPS
et de sa commère l’espace


Je tends mes poignets universels dont aucun
N’est le droit ou le gauche, et l’Espace, dans un
Va-et-vient giratoire, y détrame les toiles
D’azur pleines de cocons à fœtus d’Etoiles.
Et nous nous blasons tant, je ne sais où, les deux
Indissolubles nuits aux orgues vaniteux
De nos pores à Soleils, où toute cellule
Chante : Moi ! Moi ! puis s’éparpille, ridicule !

Elle est l’infini sans fin, je deviens le temps
Infaillible. C’est pourquoi nous nous perdons tant.
Où sommes-nous ? Pourquoi ? Pour que Dieu s’accomplisse ?
Mais l’Éternité n’y a pas suffi ! Calice
Inconscient, où tout cœur crevé se résout,
Extrais-nous donc alors de ce néant trop tout !

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