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les complaintes
Mon Cœur est un noyé vidé d’âme et d’essors,
Qu’étreint la pieuvre Spleen en ses ventouses d’or.
C’est un feu d’artifice hélas ! qu’avant la fête,
A noyé sans retour l’averse qui s’embête.
Mon Cœur est le terrestre Histoire-Corbillard,
Que traînent au néant l’instinct et le hasard.
Mon Cœur est une horloge oubliée à demeure,
Qui, me sachant défunt, s’obstine à sonner l’heure !
Mon aimée était là, toute à me consoler ;
Je l’ai trop fait souffrir, ça ne peut plus aller.
Mou Cœur, plongé au Styx de nos arts danaïdes,
Présente à tout baiser une armure de vide.
Et toujours, mon Cœur, ayant ainsi déclamé,
En revient à sa complainte : Aimer, être aimé !
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