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LA VIGNE DE NABOTH.


A-t-il vu quelque spectre envoyé par Baal ?
Le jour tombe. Que mon Seigneur se lève et mange !
Parle, ô Chef ! Quel ennui trouble ton cœur royal ? —

Akhab lui dit : — Ô femme, il faut que je me venge ;
Et je ne puis dormir, ni boire, ni manger,
Que le sang de Naboth n’ait fumé dans la fange.

Sa vigne est très fertile et touche à mon verger.
Or, j’ai dit à cet homme, au seuil de sa demeure :
Ceci me plaît ; veux-tu le vendre ou l’échanger ?

Il m’a dit : c’est mon champ paternel. Que je meure,
Le voudrais-tu payer par grain un schiqel d’or,
Si je le vends jamais, fût-ce à ma dernière heure !

Quand tu me donnerais la plaine de Phogor,
Ramoth en Galaad, Seïr et l’Idumée,
Et ta maison d’ivoire, et ton riche trésor,

Ô Roi, je garderais ma vigne bien aimée !
C’est ainsi qu’a parlé Naboth le vigneron,
Tranquille sur le seuil de sa porte enfumée.

— Certes, ce peuple, Akhab, par le dieu d’Akkaron
Dit Jézabel, jouit, malgré son insolence,
D’un roi très patient, très docile et très bon.

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