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L’ÉPÉE D’ANGANTYR.

Dans l’onde où les poissons déchirent leurs reins blancs.
Moi, seule de ta race, à la mort échappée,
Je suspendrai la hache et le glaive à mes flancs.


ANGANTYR


Mon enfant, mon enfant, restons ce que nous sommes :
La quenouille est assez pesante pour ta main.
Hors d’ici ! va ! La lune éclaire ton chemin.
Ô femme, hors d’ici ! Le fer convient aux hommes,
Et ton premier combat serait sans lendemain.


HERVOR


Angantyr, Angantyr ! rends-moi mon héritage.
Ne fais pas cette injure à ta race, ô guerrier !
De ravir à ma soif le sang du meurtrier.
Ou, sinon, par Fenris ! puisse le loup sauvage
Arracher du tombeau tes os et les broyer !


ANGANTYR


Mon enfant, mon enfant, c’est bien, ton âme est forte.
La fille des héros devait parler ainsi
Et rendre à leur honneur son éclat obscurci.
Prends l’Épée immortelle, ô mon sang, et l’emporte !
Cours, venge-nous, et meurs en brave. La voici.

Angantyr, soulevant le tertre de sa tombe,
Tel qu’un spectre, les yeux ouverts et sans regards,
Se dresse, et lentement ouvre ses bras blafards

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