< Page:Lemaître - Chateaubriand, 1912.djvu
Cette page n’a pas encore été corrigée

le

vôtre. » Ainsi s’exprime l’auteur de la brochure De Bonaparte et des Bourbons. Il est au mieux avec tous les plus notoires ennemis de ses rois.

Mais ces rois, oh ! qu’il les aime une fois qu’ils sont dehors ! Sans doute, tourné vers les libéraux, il dit durement : « C’est une monarchie tombée, il en tombera bien d’autres. Nous ne lui devions que notre fidélité : elle l’a. » (V’lan !) Mais, sur les personnes même de ses princes, maintenant qu’ils n’y sont plus, quels attendrissements ! C’est que rien n’est plus avantageux que ce rôle de royaliste incrédule, mais ému. De cette façon il est applaudi et par les royalistes et par les libéraux. « Il a les fanfares des deux camps. » (Sainte-Beuve.) Il s’intéresse à cette romanesque et charmante petite Italienne, la duchesse de Berry. Il a la chance de faire à cause d’elle (pour la phrase : « Madame, votre fils est mon roi. ») quelques jours de confortable prison. Il va voir de sa part Charles X au château de Prague, et la duchesse d’Angoulême dans son méchant garni de Carlsbad. Cela l’amuse, et cela lui fait honneur. Et ces visites à des ombres inspirent à l’écrivain des images extraordinaires de mélancolie pittoresque. (Ceci, sur la duchesse d’Angoulême inclinée sur sa broderie : « J’apercevais la princesse de profil, et je fus frappé d’une ressemblance sinistre : Madame a pris l’air de son père ; quand je voyais sa tête baissée comme sous le glaive de la douleur, je croyais voir celle de Louis XVI attendant la chute du glaive. »)

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.