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cher Perronneau. C’est parce qu’elle m’a été offerte

comme marque d’estime et d’amitié que je l’ai acceptée, voilà tout.

— Certainement, dit le curé, cela va sans dire ; une marque d’estime, c’est agréable, cela fait plaisir.

— Et ça ne peut se refuser, ajouta l’oncle Grimaud.

— Servez le dessert, ordonna M. Bourdon, qui venait de sonner avec impatience.

Il prit une pomme, et la faisant rouler du côté de Lucie :

— à quoi pense donc cette petite mélancolique ?

Elle tressaillit.

— À rien qui vaille la peine d’être dit, mon oncle, répondit-elle.

— À rien ! voici bien une réponse déjeune fille. Dites-moi vite, mademoiselle, à quoi vous pensiez, sinon je vais porter un toast à la plus jolie, et nous verrons bien s’il vous fera rougir.

— De jalousie ? répliqua-t-elle gracieusement ; non, mon oncle, je ne suis pas jalouse. Et prenant son verre, elle dit : À la santé d’Aurélie.

Aurélie protesta. Chacun leva son verre en riant. Mme Bourdon vint en aide à sa fille par quelques mots. Pour apaiser le débat, M. Grimaud proposa timidement un toast aux Grâces.

— Écoutez, cria M. Bertin, buvons à Aurélie et à son futur… bonheur.

Ce fut une explosion de cris et de rires.

— Joli nom pour un futur, s’écria Perronneau, mais le futur en a un autre.

Mme Bourdon échangea un regard d’intelligence avec l’oncle Grimaud.

— Allons ! dit M. Bourdon, je vois qu’il faut s’exécuter. Je prie donc mes parents et mes amis de boire avec moi au bonheur de ma fille et de M. Gavel.

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