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verre… Je vous emmène parce qu’ils pensent bien

que je ne puis sortir seule à cette heure.

— Quelle est cette Léonie ?…

— Rien du tout !… Une dame qui tient un bar près de la gare. Maintenant, restez ici, je vais me débarrasser de mes bijoux à l’hôtel, dans les mains de Fathi et attendez-moi au coin de la rue et de la place Morny.

Elle me quitta. Il pouvait être deux heures du matin. À deux heures et demie, je faisais les cent pas au coin de la place Morny. Tout ce quartier était maintenant désert. Les rares passants qui me frôlaient rentraient du cercle et s’écartaient de moi. Avec ma canne dans ma poche, mon col relevé, mon feutre rabattu sur le visage, j’avais l’air de m’être posté là pour faire un mauvais coup. L’« expédition » commence, pensai-je, et, assez inquiet de moi-même, je ne jouissais pas de la peur que j’inspirais aux autres. Ainsi, peu à peu, mon exaltation tombait et je me pris à la regretter.

Je vis bientôt s’avancer une silhouette féminine, enveloppée d’un manteau sombre, une capote enfoncée sur les yeux. Je ne doutai point que ce fût Helena. Elle vint à moi, me prit le bras et dirigea mes pas. Nous traversâmes la place, dont le dernier café venait de fermer et, cinq minutes plus tard, Helena frappait trois coups de poing sur une petite porte qui s’ouvrit et se referma derrière nous.

— Oh ! bonsoir, lady Helena ! salua l’accueillante Léonie… Vous avez eu une bonne idée

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