Ce Z…, je l’eusse volontiers étranglé ! Il me
volait ! Les monceaux de plaques de dix mille qu’il entassait devant lui, elles m’appartenaient !…
Et ce fut plus fort que tout, que tout ce que j’aurais pu me dire et que je ne me disais pas. Je n’étais plus qu’une bête brute acharnée à reprendre le morceau qu’on lui avait arraché de la bouche. Je jetai dix plaques sur le tapis. La banque avait passé quatre fois. C’était bien le tour des pontes ! Z… gagna encore et mes cent mille francs allèrent grossir son tas.
Je ne me connaissais plus. Je plongeai ma main dans la sébile où l’on avait jeté tout ce qui m’appartenait quand je m’étais levé de table et je mis vingt plaques sur le tableau de gauche. Je me trouvais devant le tableau de droite, mais j’avais eu l’occasion de remarquer que Soulak — des Mines de Transylvanie — avait généralement la main heureuse. Le tableau de droite gagna, celui de gauche perdit !
Alors, tout tourna. Mes plaques allaient d’un tableau à l’autre sans qu’il semblât que j’y fusse pour rien. Et toujours je pontais sur le tableau perdant avec une régularité stupéfiante. Vingt minutes après, mon million avait disparu et ma sébile était vide.
J’étais devenu la risée de la galerie qui regardait la partie, debout, autour de la table. Quelqu’un murmura : « Ça lui apprendra à jouer contre sa banque ».
Je faisais un effort surhumain pour ne pas m’écrouler sur un fauteuil, pour faire encore