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froid comme l’acier, ce regard brutal de ceux qui

se préparent au combat, qui rassemblent avant de les extérioriser toutes les facultés dont ils espèrent la victoire, ce regard que je lui avais vu à plusieurs reprises, quand je l’avais retrouvée, après nos premières heures d’amour, dans l’auto qui nous conduisait à Rouen.

Elle vit tout à coup que je ne dormais pas… Elle se pencha sur moi, brusquement :

— Ah ! tu me regardes ?… Tu te demandes à quoi je pense ! Rudy, je vais te le dire !… Toi aussi, tu vas me connaître sous mon vrai visage ! Look here ! J’ai bien réfléchi depuis hier, depuis cette nuit ! La vie avec toi me plairait… La vie dont j’ai un tel dégoût que je me vautre sur elle comme sur un tapis de luxure, dans une boîte à plaisir !… Et s’il n’y avait que le dégoût, mais il y a aussi l’ennui. I am sick of it all, je suis malade de tout ! Avec toi, je ne m’ennuierais pas. Tu es si jeune… et joli vraiment… et si bêta ! Durin t’a tenu par le bout du nez, il t’a eu sur un crochet… mais je t’apprendrai, et si tu veux, nous aurons Durin tous les deux !…

— Oh ! fis-je en me redressant, car la conversation prenait un tour qui commençait à m’intéresser énormément…

— Tu dis, eh ? Quoi ?… Tu sais que c’est une dernière partie que celle que je vais te proposer là contre l’illustre Mister Flow. Tâte bien ton cœur ! Te sens-tu de taille ?…

Elle avait perdu son babil enfantin. Ses étranges formules, ses discours étaient directs et dans

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