< Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
217
DEVANT LA HAUTE-COUR

C’est assez ; car ce spectacle auquel on est allé hier, je ne sais pas si vous l’irez voir demain. Ah ! la tristesse de cela ! la monotonie de ces choses et l’ennui, l’incommensurable ennui qui monte de cette salle endormie, quasi morte, sans émotion, sans passion ; l’ennui qui gagne, qui grandit, qui fait les tribunes silencieuses et somnolentes, les tribunes ternes et grises de toutes les toilettes de ces dames, grises et ternes, presque demi-deuil, comme il sied pour une aventure qui ne commença certes point en comédie, qui ne finira assurément pas en drame, et qui restera, à tout prendre, sans éclat.

Quand tout le monde fut en place, que les juges eurent gagné leurs sièges, qu’ils furent immobilisés, fatigués déjà ; quand les cinquante avocats eurent terminé la procession de leurs robes noires sur le tapis rouge de l’hémicycle, foule bruyante, encombrante, presque anonyme, inutile, si nous retenons cinq noms, — et vous verrez que je fais large la mesure du talent oratoire qui s’est assis, hier, à la place ordinaire des ministres, qui a encombré les bans des secrétaires rédacteurs et qui s’est affalé aux pupitres des sténographes — ; quand M. le procureur général Bernard et les deux avocats généraux, MM. Herbaux et Fournier se furent assis à la gauche du président, celui-ci donna l’ordre de faire entrer les accusés.

Le défilé en était attendu avec impatience. Certains espéraient quelque chose. Qui sait ?… Une

    Cet article est issu de Wikisource. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.