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t’accordait auparavant. Auparavant, quand tu

désirais franchement des objets sans valeur réelle, tu étais agréable à tes amis; mais tu ne peux pas réussir aux deux choses à la fois: il faut nécessairement que ce que tu gagneras d’un côté, tu le perdes de l’autre. Tu ne peux pas, si tu cesses de boire avec qui tu buvais, paraître à ces gens aussi agréable qu’alors. Décide donc ce que tu préfères: ou de t’enivrer et de leur être agréable, ou de leur déplaire en étant sobre. Tu ne peux pas, si tu cesses de chanter avec qui tu chantais, rester aussi cher à ces gens. Choisis donc encore ici le lot que tu voudras. S’il vaut mieux être tempérant et réglé, que de faire dire de soi: « Quel homme agréable! » laisse-moi là tout le reste; renonces-y; détourne-t’en; n’y touche plus. Si ce parti-là ne te plaît pas, donne-toi tout entier au parti contraire: sois un de nos hommes-femmes; sois un de nos coureurs d’aventures; fais tout ce qui s’en suit, et tu arriveras à ce que tu veux. N’oublie pas aussi de trépigner des pieds en acclamant le baladin. Mais on ne peut pas réunir en soi ces deux personnages si différents: on ne peut pas jouer à la fois le rôle de Thersite et celui d’Agamemnon. Si tu veux être Thersite, il te faut être bossu et chauve; si tu veux être Agamemnon, il te faut être beau, et de haute taille, et aimer ceux qui te sont subordonnés.


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