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pût éprouver, et où tu tremblais qu’on ne t’enlevât

ce langage et cette façon d’agir.

Eh bien! vois: personne ne te les a enlevés que toi-même. Lutte contre toi-même, arrache-toi à toi-même, pour revenir au maintien décent, à la retenue, à la liberté. Si l’on te disait, à mon sujet, que quelqu’un me force à être adultère, à porter les habits d’un galant et à me parfumer d’odeurs, n’accourrais-tu pas tuer de ta propre main l’homme qui me ferait une pareille violence? Eh bien! ne voudras-tu donc pas à cette heure te venir en aide à toi-même? Et combien cet aide-là est plus facile! Tu n’as à tuer, à enchaîner, ni à maltraiter personne; tu n’as pas à te rendre sur la place publique; tu n’as qu’à te parler à toi-même; et qu’est-ce qui t’obéira mieux? Qu’est-ce qui saura mieux te persuader que toi? Commence par condamner ce que tu as fait; puis, quand tu l’auras condamné, ne désespère pas de toi-même; ne fais pas comme les lâches qui, une fois qu’ils ont cédé, s’abandonnent complètement, et se laissent emporter par le torrent. Regarde plutôt ce que font les maîtres au gymnase. L’enfant a-t-il été renversé, « Relève-toi, disent-ils, et lutte de nouveau, jusqu’à ce que tu sois devenu fort. » Fais-en autant à ton tour; car sache bien qu’il n’y a rien de plus facile à conduire que l’esprit humain. Il faut vouloir, et la chose est faite: il est corrigé. Que par contre on se néglige, et il est perdu. Car c’est en nous qu’est notre perte ou notre salut. — Eh! quel bien m’en revient-il? — En veux-tu donc un plus grand que celui-ci? Au lieu de l’impudence tu auras le respect de toi-même, l’ordre au lieu du désordre, la loyauté au lieu de la

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