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plus petits, continuaient à diviser l’Allemagne

en lambeaux innombrables, que pouvait faire le parti prolétarien, sinon suivre des yeux le mouvement de Paris — de toute importance pour lui — et lutter aux côtés des boutiquiers, pour acquérir les droits qui lui permettraient plus tard de mener sa lutte propre ?

Il n’y avait que trois points par lesquels le parti prolétarien se distinguait essentiellement, dans son action politique, de la classe des petits industriels ou de ce qu’on appelait le parti démocratique : d’abord il jugeait d’une façon différente le mouvement français, au sujet duquel les démocrates attaquaient et les révolutionnaires prolétariens défendaient le parti extrême ; ensuite il proclamait la nécessité d’établir une république allemande une et indivisible, tandis que les ultra les plus extrêmes parmi les démocrates n’osaient aspirer qu’à une république fédérative ; enfin il montrait à chaque occasion cette audace et cette énergie révolutionnaires qui manqueront toujours à un parti guidé par les petits industriels ou composé principalement d’eux.

Le parti prolétarien ou vraiment révolutionnaire n’a pu arriver que très graduellement à soustraire la masse des ouvriers à l’influence des démocrates à la suite desquels ils marchaient dans les commencements de la Révolution. Mais l’indécision, la faiblesse et la couardise des chefs des démocrates ont, avec le temps, fait le reste, et

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