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CHAPITRE III

LE GRAND-PRIX DE ROME



J’avais donc obtenu un premier prix de piano. J’en étais, sans doute, aussi heureux que fier, mais vivre du souvenir de cette distinction ne pouvait guère suffire ; les besoins de la vie étaient là, pressants, inexorables, réclamant quelque chose de plus positif et surtout de plus pratique. Je ne pouvais vraiment plus continuer à recevoir l’hospitalité de ma chère sœur, sans subvenir à mes dépenses personnelles. Je donnai donc, pour aider à la situation présente, quelques leçons de solfège et de piano dans une pauvre petite institution du quartier. Maigres ressources, grandes fatigues ! Je vécus ainsi, d’une existence précaire et bien pénible. Il m’avait été offert de tenir le piano dans un des grands cafés de Belleville ; c’était le premier où l’on fît de la musique, intermède inventé, sinon pour distraire, du moins pour retenir les consommateurs. Cela m’était payé trente francs par mois !

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