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le romantisme féminin


Femme, amphore profonde et douce où dort la joie,
Toi que l’amour renverse et meurtrit, blanche proie,
Œuf douloureux où gît notre pérennité,
… Humanité sans force, endurante moitié
Du monde, ô camarade éternelle, ô moi-même !

On s’appliquera aux douceurs de la compassion sur soi, aux violences de la révolte humanitaire ; on criera même un peu à l’idée de devenir mère, on gémira sur l’avenir et sur le passé. Pour le présent, on se retournera vers qui de droit.

Cher ! cher ! presse-moi bien contre ton âme claire,
Que je n’écoute pas, que je n’entende pas !…

« Le doigt levé », un « sage doigt levé », on méditera sur les choses au lieu d’y rêver en tumulte comme au bon vieux temps ; on se livrera aux débauches de la Pensée :

Nous serons sur le banc que nous aimons le mieux,
Et, levant un index grave qui certifie,
Ta petite fera de la philosophie.

Mais, par-dessus tout, on assurera son progrès dans le métier. On se perfectionnera dans l’art d’imaginer et de rimer. On en viendra à dévider une métaphore aussi congrûment et continûment que le père Hugo :

J’aime à songer aux mains de mon Âme, filant
À l’aveugle…

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