Foi de Navarrais, mon lieutenant !
Carmen se retourne brusquement et regarde encore une fois José.
Eh bien !… vous avez entendu ?… Avez-vous quelque-chose à répondre ?… Parlez, j’attends…
- Coupe-moi, brûle-moi, je ne te dirai rien ;
- Je brave tout, le feu, le fer et le ciel même…
Ce ne sont pas des chansons que je te demande, c’est une réponse.
- Mon secret, je le garde, et je le garde bien ;
- J’en aime un autre et meurs en disant que je l’aime.
Ah ! ah ! nous le prenons sur ce ton-là ?… (À José) Ce qui est sûr, n’est-ce pas ? c’est qu’il y a eu des coups de couteau et que c’est elle qui les a donnés… (En ce moment, cinq ou six femmes, à droite, réussissent à forcer la ligne des factionnaires et se précipitent sur la scène en criant : « Oui, oui, c’est elle !… » Une de ces femmes se trouve près de Carmen : celle-ci lève la main et veut se jeter sur la femme ; José arrête Carmen. Les soldats écartent les femmes et les repoussent, cette fois, tout à fait hors de la scène. Quelques sentinelles continuent à rester en vue, gardant les abords de la place.) — (S’adressant à Carmen.) Eh ! eh ! vous avez la main leste décidément. (Aux soldats.) Trouvez-moi une corde.
Voilà, mon lieutenant.
Prenez… et attachez-moi ces deux jolies mains. (Carmen,