––En venant, comme moi, faire la cour aux belles,

––Ne te sens-tu pas là quelque ombre de remords ?

––Nos manières d’agir sont assez naturelles,

––Nous sommes mariés, j’en demeure d’accord !

––Mais puisque l’on nous a séparés de nos femmes,

––Puisqu’on nous les refuse, il me semble évident…

––Que nous pouvons fort bien faire la cour aux dames,

––Cela ne compte pas, car c’est en attendant.

––Nous sommes, dans le fond, fidèles à nos femmes,

––Si nous aimons ailleurs ce n’est qu’en attendant.

La Corilla parait et descend l’escalier du fond ; le comte et Bergerac lui offrent leurs bouquets.

––Acceptez, belle enfant, ces humbles violettes

––Qui naguère embaumaient les clairières des bois.

––Lorsque vous chanterez, près de vous les pauvrettes

––Croiront des rossignols reconnaître la voix.

––Ah ! combien ces beaux yeux tout pleins de vives flammes,

––Sauront bien exprimer un tendre sentiment !

––Trop heureux qui pourrait, ailleurs que dans vos drames,

––Voir parler pour lui seul leur langage charmant.

––Nous sommes, dans le fond, fidèles à nos femmes,

––Si nous aimons ailleurs, ce n’est qu’en attendant.