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exigeoit des précautions, & qu’il alloit

tout diſpoſer pour être bientôt en état de lui marquer ſa reconnoiſſance. Dès le lendemain Xanthe preſſa ſon retour ; à quoi ſon hôte conſentit en lui témoignant qu’il ſeroit charmé de l’accompagner juſqu’au lieu de ſon embarquement. Ils partirent tous enſemble ; & le jour qu’ils ſe devoient ſéparer, Cavara propoſa de faire un ſacrifice, tant pour l’heureux voyage de Xanthe, que pour jurer entr’eux une amitié indiſſoluble. L’autel étant dreſſé, Cavara s’avança poliment, pria Érippe de vouloir bien préſenrer & tenir la victime, (c’étoit une jeune brebis) & de joindre ſes vœux aux leurs. Mais quels : furent les tranſports de Xanthe, lorſque celui qui étoit chargé d’immoler la victime, tirant ſon coutelas, fit voler à leurs pieds la tête d’Érippe elle-même ! …


Il eſt certain, ſi l’on compare
Les héros de nos jours à ceux du temps jadis ;
Que cet acte paroît barbare,
Et qu’un pareil exemple est rare
Chez nos modernes Amadis,
Cette action, que nous trouvons cruelle,
Étoit chez nos Gaulois d’une gloire immortelle ;
Pour punir la déloyauté
Rien ne paſſoit pour cruauté,

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