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taine de fédérés avec trois ou quatre hommes furieux.

— Comment, me dit-il, c’est vous qui attirez ainsi les obus sur la barricade ; je venais pour faire fusiller celui qui répondait ainsi.

Ainsi finit mon essai d’harmonie imitative de la danse des bombes.

Dans le parc, devant quelques maisons il y avait des pianos abandonnés, quelques-uns étaient encore entiers et bons quoiqu’ils fussent exposés à l’humidité. Je n’ai jamais compris pourquoi on les avait laissés plutôt dehors que dedans.

À la barricade de Neuilly crevée d’obus, il y eut d’horribles blessures, des hommes avaient les bras arrachés jusque derrière le dos, laissant l’omoplate à découvert, d’autres la poitrine trouée, d’autres la mâchoire emportée. On les pansait sans espérance. Ceux qui avaient encore une voix disaient vive la Commune ! avant de mourir. Je n’ai jamais vu si horribles blessures.

À Neuilly, à certains endroits on était tout près des Versaillais, du poste d’Henri Place on les entendait parler.

Fernandez, madame Danguet, Mariani étaient venues, nous avions fait une ambulance volante, près de la barricade Peyronnet, en face de l’état-major ; les moins blessés restaient, les autres étaient conduits dans les grandes ambulances suivant ce qu’en décidaient les médecins, mais un premier pansement en sauva un certain nombre.

Il y avait comme partout au milieu des choses tragiques des choses grotesques.

Un paysan de Neuilly avait semé sur couche, des melons qu’il gardait debout près de ses semis, comme s’il eut pu les préserver des obus ; il fallut l’emporter de force, et détruire la couche, dont les vitraux étaient déjà fracassés pour l’empêcher d’y revenir.

Ceux qui aimaient à rire racontaient aussi que dans

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