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d’eau sur la pierre qui s’use. Il finit par nous percer le cœur.


Un jour, Thérèse reçut l’ordre de partir « Madame lui avait écrit ». Daniel, qui était sans aucune nouvelle, vit la lettre. Il trouvait Thérèse bien heureuse.

Il revint pour la dernière fois, le lendemain, soir, Thérèse avait un petit chapeau rond sur la tête et les clefs à la main.

— « Que monsieur se dépêche ! » dit-elle.

Il parcourut l’appartement, prit à la hâte dans le petit salon deux livres que Germaine lisait souvent et une photo, qu’il arracha de son cadre, comme un voleur.

Il rejoignit Thérèse.

Dans la rue, la petite fille du concierge jouait comme l’autre soir, elle avait aussi un tablier bleu.

Quelques instants après leur départ, le vent fit voltiger dans les pièces désertes une bouffée de cendres froides qui sentait l’incendie.

II

NOTES DE DANIEL EN AUVERGNE

Ce pays est triste, je m’ennuie.

C’est un trou dans les sapins, moins la bergerie, car la ville n’a d’autres moutons qu’un troupeau d’asthmatiques, qui boivent l’eau des sources avec conviction.

Ceux-là guériront.

Je cherche la source où s’oublie l’amour, et je ne guéris pas.

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