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CLITANDRE 295  Ceci n’est point du tout un trait d’esprit, Madame, Et c’est un pur aveu de ce que j’ai dans l’âme. Les cieux, par les liens d’une immuable ardeur, Aux beautés d’Henriette ont attaché mon cœur ; Henriette me tient sous son aimable empire, 300  Et l’hymen d’Henriette est le bien où j’aspire ; Vous y pouvez beaucoup, et tout ce que je veux, C’est que vous y daigniez favoriser mes vœux.
BÉLISE Je vois où doucement veut aller la demande, Et je sais sous ce nom ce qu’il faut que j’entende ; 305  La figure* est adroite, et pour n’en point sortir*, Aux choses que mon cœur m’offre à vous repartir, Je dirai qu’Henriette à l’hymen est rebelle, Et que sans rien prétendre, il faut brûler pour elle.
CLITANDRE Eh, Madame, à quoi bon un pareil embarras, 310  Et pourquoi voulez-vous penser ce qui n’est pas ?
BÉLISE Mon Dieu, point de façons ; cessez de vous défendre De ce que vos regards m’ont souvent fait entendre ; Il suffit que l’on est contente du détour Dont s’est adroitement avisé votre amour, 315  Et que sous la figure où le respect l’engage, On veut bien se résoudre à souffrir son hommage, Pourvu que ses transports par l’honneur éclairés N’offrent à mes autels que des vœux épurés.
CLITANDRE

Mais...

BÉLISE
Adieu, pour ce coup ceci doit vous suffire,
    320  Et je vous ai plus dit que je ne voulais dire.
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