NOTES II 15
« boulevard ne produisent même plus : elles reprennent. Et « quant à nos théâtres subventionnés, j'hésite à le dire : il « me semble qu'ils n'ont plus de vie. Je ne parlerai ni de « l'esprit qui y règne, ni des pièces que l'on y accueille ; je « parlerai simplement, en homme de métier, de la façon « dont on y joue le répertoire classique, qui est le bien « de la nation. J'ai assisté, dans la maison de Molière, à « des représentations de Molière. Eh ! bien, je suis honteux « de voir le public supporter ce qu'il supporte dans la salle « du Théâtre Français.
« Est-ce que cela peut durer ? Est-ce que nous permettrons « que cela dure ?
a Je sens tout autour de moi le besoin d'autre chose. «,Mais dans ce milieu gâté qu'est le théâtre d'aujourd'hui, « rien de neuf, rien de vivant ne peut naître. Nous disions « jadis : il faut désindusirialiser le théâtre, et le décabotiniser. « Nous disons aujourd'hui, d'un seul mot : ce qu'il faut, « c'est déthéâtraliser le théâtre.
« Pour que tout soit changé, il faut commencer par le u commencement. Il s'agit de créer des méthodes, de tra- « vailler. Il faut remettre de l'ordre dans ce chaos. Il ne s'agit « pas de faire de fausses inventions, de ressusciter le théâtre (c grec, ou celui de Shakespeare, ou d'imiter Reinhart. On « parle partout d'un nouveau mouvement théâtral ; on cite " les Russes, les Allemands. Mais cette révolution, est-elle '( d'ordre dramatique ? ce n'est rien qu'une révolution de <( décorateurs. Entre les toiles brossées par un grand peintre " moderne et les décors de l'ancienne manière, il n'y a qu'une « différence d'école de peinture ; comme entre nos vieilles « scène§ machinées et les nouvelles, il n'y a qu'une différence « de machinerie. Tant qu'on n'aura pas écarté toutes ces « fausses nouveautés, pour prendre le travail à pied d'œuvre, « et recommencer tout depuis le commencement, on n'aura « rien fait.
�� �