NOTE SUR M. DESCARTES 189
grand-père, ni sa grand'mère maternelle. Il les reprend dans l'autre sens. Ni ses deux grands-pères ; ni ses deux grand'mères. Il les reprend dans l'autre sens. Ni la lignée de son père ; ni la lignée de sa mère. Et il serait bien embarrassé de remonter plus haut. Étant pauvre et français, catholique et paysan il n'a pas de papiers de famille. Ses papiers de famille, ce sont les registres des paroisses. Aucune famille discernée dans cette innom- brable ascendance. Aucune tenure dans cette longue race. Rien qui laisse trace dans les papiers des notaires. Ils n'ont jamais rien possédé. Pauvres et peuple ils ont laissé aux Juifs, aux protestants, aux cathohques bour- geois d'avoir une généalogie inscrite.
L'homme s'attarde, il considère longuement ce classe- ment du monde et ce classement du monde lui parait nouveau. D'un côté ensemble tous les Juifs, tous les protestants, toute la noblesse et bourgeoisie catholiques (gens d'épée, gens de robe, gens des charges, hobereaux, fermiers, tous propriétaires, propriétaires de batailles, propriétaires de charges, propriétaires de terre) qui ont tous leurs papiers de famille et en quelque sorte leurs titres de propriété, — et lui qui n'a jamais rien eu, lui cathohque et pauvre, lui qui n'a jamais rien été, étant chez lui, lui dont tous les papiers de famille ce sont les registres des paroisses, lui dont les titres de propriété ce sont les registres des paroisses, et lui qui jusqu'au jugement ne sera jamais couché que sur les registres des paroisses.
Il s'arrête un peu ici. Il aperçoit une grande division du monde. D'im côté le notaire (sous toutes ses formes), de l'autre ces misérables registres des paroisses. D'un côté le notaire, c'est-à-dire aussi l'ofi&cier de l'état-civil,
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