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��JOURNAL SANS DATES

��Evidemment ce qui me choque dans le cas de Romain Rolland, c'est qu'il n'a rien à perdre par le fait de la guerre : son livre (Jean Christophe) ne paraît jamais meilleur que traduit. Je vais plus loin : il ne peut que gagner au désastre de la France, que gagner à ce que la langue française n'existe plus, ni l'art français, ni le goût français, ni aucun de ces dons qu'il nie et qui lui sont déniés. Le désastre final de la France donnerait à son Jean Christophe sa plus grande et définitive importance.

Il est de si parfaite bonne foi que parfois presque il

vous désarme. C'est un ingénu, mais un ingénu passionné.

Il a tôt fait de prendre pour vertu sa franchise, et comme

il l'a quelque peu sommaire, il a pris pour hypocrisie

ce que d'autres avaient de moins rudimentaire que lui.

Je m'assure que trop souvent ce qui permit son attitude,

c'est le peu de sentiment et de goût, de compréhension

même, qu'apporte son esprit à l'art, au style, et à cette

sorte d'atticisme qui n'a plus d'autre patrie que la France.

Rien n'est plus informe que son livre ; c'est un Kugelhof

où parfois croque un bon raisin. Aucun apparat, aucun

artifice ; j'entends bien que c'est par là qu'il plaît à

certains.

(Ecrit en 191 7)

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