NOTE SUR M. DESCARTES 407
chevalerie, la loyauté de chevalerie gouvernera donc tout le combat, réglera toute la comparaison. Tl ferait beau voir que dans un combat de chevalerie, dans une com- paraison de chevalerie entre un tenant qui est de chevale- rie et un tenant qui n'est pas de chevalerie ce fût le tenant qui est de chevalerie qui manquât aux lois de chevalerie, à la loyauté de chevalerie.
Polyeucte annonce ainsi, il annonce au troisième siècle et dans Corneille il rassemble et résume et présente magni- fiquement le système de pensée, la règle indéréglable qui dans tous les siècles de chrétienté a gouverné pour le chrétien la relation du chrétien au non-chrétien. C'est la règle, c'est le système de pensée de la juste guerre, du combat loyal, de la comparaison à égalité.
Cette règle éclate, comme il fallait s'y attendre, dans les croisades. Au temps de Polyeucte il ne fallait pas que le chrétien fût inférieur au païen même en honneur païen. Au temps de la croisade il ne faut pas que le chrétien soit inférieur à l'infidèle, il ne faut pas que le chevalier chré- tien soit vaincu par le « chevalier » arabe même en honneur infidèle. De là, cette comparaison d'honneur, cette joute constante de courtoisie qui s'établit rapidement dans la croisade entre tout homme de chevalerie franque et tout homme de « chevalerie » musulmane.
Et tout ceci rentre dans l'immense règle générale de ne pas scandaliser. Nolite scandalizare. Pour la même raison qu'il ne faut pas scandahser les enfants, pour la même raison il ne faut pas scandaliser aussi les païens et les infidèles. Eux aussi ils sont des ignorants ; et par consé- quent en un certain sens des innocents et en un certain sens des enfants, car ils ne connaissent pas le vrai Dieu et
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