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LA PENSÉE FRANÇAISE DEVANT LA GUERRE 66l

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��Si cet esprit à des racines profondes, un siècle de roman- tisme suffit-il pour détruire cette attitude atavique, instinctive que nous avons devant la vie et qui est riche de tant de souvenirs ? L'anarchie sentimentale a-t-elle pu tuer en nous la sensibilité artistique, l'émotion intel- lectuelle, l'inteUigence critique ?

De fait, il semble bien à première vue qu'avec le xix^ siècle une expérience nouvelle commence où notre passé n'a point de part. Elle se présente comme une réaction unanime contre l'esprit du xviii^ siècle. Mais c'est que sa stériHté de sentiment et sa souplesse morale ont acquis au spiritualisme les sympathies de l'opinion. Son inertie, son art de durer lui suffisent qui le dispensent de conquérir les esprits à l'aide du vrai. Disposant des pouvoirs officiels, de l'enseignement, de la critique, il laisse tomber sur le passé le voile du silence ; contre son époque il n'use que de polémique. Aussi le jugement qu'il porte sur un siècle dont il ne représente pas l'esprit est sujet à caution et révisible. Il faut rejoindre les forces vives qu'il a cru pouvoir écarter sans se mesurer avec elles et qui sortaient de notre passé.

La Révolution a généralement capté l'attention de l'his- torien. Elle n'est pourtant que l'épisode poUtique d'une épopée industrielle. Dès le xviii® siècle, une révo- lution économique liée au développement des sciences se prépare. Les conditions nouvelles du travail humain, de l'échange, de la circulation des richesses, devinées par les encyclopédistes, entraînent des modifications dans

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