LA GUÉRISON sivERE 217
m'a semblé qu'il passait dans mon corps. Tous les jours qui ont suivi, j'ai eu des contractions violentes, et des étourdissements si fréquents que je ne pouvais plus demeurer debout. J'avais aussi une douleur au côté, que j'ai prise pour une sciatique.
J'ai trop songé à moi tout le lendemain. Je me suis aperçue que depuis deux jours malgré moi je croyais à la mort de Jacques, et je cherchais comment me tuer aussi ; mais j'ai compris tout d'un coup que cela ne suffisait plus, il nous fallait réparer ce qui s'était passé.
Je n'arrivais pas à me sentir assez forte. Mes idées se perdaient ; je croyais alors qu'il n'y avait autour de moi que des décors et des acteurs ; ou bien les choses que je voyais me paraissaient ne posséder pas d'autre face que celle qui était tournée vers moi. Encore je commençais à penser, à de certains moments, que j'étais partie pour un long voyage, et je distinguais des vagues dans le papier bleu des vitres.
��A l'auscultation, la congestion gagne le poumon droit. Je songeais, depuis hier, que pendant mon service à la Charité l'on se servait souvent de l'électrargol pour abaisser la fièvre. Je n'avais pas osé en parler au docteur, mais c'est lui aujourd'hui qui en a apporté et fait à Jacques une piqûre. Cela m'a donné confiance, non pas tant le remède que cette rencontre.
Je voulais cette nuit lui avouer que j'avais tout appris. Alors pour me sentir plus pure je cherchais en moi les mensonges que j'avais pu lui dire, ou tout ce que j'avais
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