602 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
on s'adresse à la philosophie, à l'histoire, à la musique, à la pein- ture, à l'art décoratif, voire à la typographie ou à la publicité commerciale. On met à contribution l'exotisme, la sauvagerie véri- table ou, pis encore la fausse barbarie. Et vient le moment ou tout cela rebute et finit par excéder, où l'on découvre avec ravissement le visage d'une pensée très simple sous la couronne d'une combi- naison de mots bien tressés. L'art des vers n'est-il pas l'art des mots, rendus poétiques, bien placés. Ses combinaisons sont iné- puisables, mais seul un vrai poète les trouve et même a le goût de les chercher.
Comme il arriva pour Baudelaire et pour Mallarmé, comme il arrive aujourd'hui pour Rimbaud, l'influence indirecte de Moréas, fut la seule féconde. Quel que soit leur talent, ses disciples se présenteraient en vain à notre temps, les bras chargés de feux, de fers, de lyres et de lauriers. Ce n'est pas de cela qu'il s'agit : la poésie est une langue, non un vocabulaire. Pour employer dans les œuvres de sa manière « assagie » des mètres de Ronsard ou de Malherbe, M. Henri de Régnier n'en est pas plus classique pour cela. Il est académique ce qui est bien différent. Le génie de Moréas n'a pas suivi la même courbe. Les stances ne sont pas le jeu d'un lettré, comme certains ont tenté de le faire croire. C'est l'effort d'un noble esprit qui las de posséder beaucoup de choses rares, fut saisi du désir de la chose parfaite.
ROGER ALLARD
��CHANSONS DE LA CHAMBREE,, par Rudyard Kipling, traduction d'Albert Savine et Michel George- Michel. (L'Edition française illustrée).
Pour la première fois une partie importante de l'œuvre poétique de Kipling est révélée au public français. Une traduction de l'admi- rable Route de Mandata^, une des plus belles de ces Barracks room
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