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SUR l'introduction a la méthode de LÉONARD DE VINCI 68 1

détachera, jusqu'à la nébuleuse intellectuelle primitive. A l'instar de son Monsieur Teste inlassablement Valéry « rature le vif» ; il a trouvé le « crible machinal » qu'avait cherché son personnage.

Mais si Valéry pense toujours avant d'écrire, ce n'est pas qu'il accorde à la pensée une créance particulière : dans son architectonique, la pensée en tant que pensée, bien loin de tenir le rang suprême, apparaît plutôt comme une de ces « indispensables idolâ- tries » au delà desquelles seulement « la clarté finale s'éveille ». A la pensée, il est vrai, Valéry cède toujours. — « Allons encore un peu », dit-il, — mais il y cède sans jamais lui faire confiance comme il arrive que l'on cède à une manie favorite, qui n'engage à rien, que l'on a maintes fois expérimentée inoffensive. « Suivons donc un peu plus avant la pente et la tentation de l'esprit, suivons-les malheureusement sans crainte, cela ne mène à aucun fond véritable. Même notre pensée la plus « pro- fonde » est contenue dans les conditions invincibles qui font que toute pensée est «superficielle.» Cette pente de l'esprit il nous est loisible de la suivre — cette tentation, de nous y abandonner — aussi loin et aussi longtemps que nous le voulons, — pour autant du moins que nous considérons ici le seul esprit, livré à lui-même et non altéré par « les impuretés psychologiques » ou par « le trouble des fonctions » ; et c'est précisément cette per- mission qui se trouve nous être octroyée qui conduit Valéry «jusqu'à cette netteté désespérée » à l'égard de la pensée. « Il n'existe pas de pensée, dit-il, qui extermine le pouvoir de penser, et le conclue — une certaine position du pêne qui ferme définitivement la serrure. » Infati-

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