SUR l'introduction a la méthode de LÉONARD DE VINCI 683
sentir l'infiltration subtile du néant. Successivement à chaque pensée qui surgit devant elle, la conscience de Valéry réitère l'injonction de Roxane à Bajazet :
Rentre dans le néant d'où je t'ai fait sortir.
Dégageons le mot de nihilisme de sa gangue grossière de notions adventices, ramenons-le à la nudité de son sens étymologique, et c'est encore lui qui convient le moins mal à ce je ne sais quoi de détachable, de déjà déta- ché, dans chaque idée, dans chaque mot, donné, traité isolément, — à l'étrange caractère qu'y prend toute chose d'être comme dite à son extrême limite, — à cet état de vacuité de la pensée qui n'est jamais vacuité de sens, qui est vacuité d'attache. Valéry est dépris, — délié des problèmes qu'il se pose par les solutions qu'il leur trouve. Il a toute la densité sans nulle épaisseur ; je ne puis me retenir de citer à cet égard cette page capitale : « Tous les phénomènes, par là frappés d'une sorte d'égale répulsion, et comme rejetés successivement par un geste identique, appa- raissent dans une certaine équivalence. Les sentiments et les pensées sont enveloppés dans cette condamnation uniforme, étendue à tout ce qui est perceptible. Il faut bien comprendre que rien n'échappe à la rigueur de cette exhaustion ; mais qu'il suffit de notre attention pour mettre nos mouvements les plus intimes au rang des événements et des objets extérieurs : du moment qu'ils sont observables, ils vont se joindre à toutes choses observées. — Couleur et douleur, souvenirs, attente et surprise ; cet arbre et le flottement de son feuillage, et sa variation annuelle, et son ombre comme
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