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690 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

— la seule qui ne se désagrège pas instantanément sous son regard. Il la retient, et c'est en elle qu'il découvre enfin la porte d'évasion. Maître dans Tart de « la jonction délicate mais naturelle, de dons distincts, », il opère un transfert, et c'est le transfert dans le domaine des mots de ridée scientifique des rapports. Les rapports de mots, voilà l'ultima Thulé à laquelle se tient, que peut encore priser l'homme universellement dépris, — et que l'on ne vienne pas objecter que le pari dans lequel ici Valéry nous engage n'offre pas plus qu'un autre de garanties de sécurité ! Nous ne sommes plus dans le monde de la pensée pure, nous ne sommes plus dans le monde de la science, nous sommes dans cette région de l'art où les vers immortels de Keats rencontrent leur application plénière :

Beauty is iruth, truth beauty, — that is ail, Ye know on earth and ail ye need to know.

C'est par la science — ou plutôt par la transposition d'une notion scientifique — que Valéry se trouve donc ramené à la doctrine la plus exigeante qui se puisse concevoir de l'art pur, — à sa pratique la plus rigoureuse, la plus serrée; et si originale que soit en elle-même cette conversion — au sens où un logicien emploierait le terme, — elle est peut-être plus importante encore par la redistribution de valeurs qu'elle implique. Tandis que Gautier se définissait « un homme pour qui le monde visible existe », tandis que Flaubert s'écriait : «La plas- tique est la quaîité première de l'art », Valéry, lui, concentre tout son effort sur le théorème fondamental : le langage. 11 y a dans Note et Digressions à cet égard.

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