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NOTES SUR UN ÉVÉNEMENT

POLITIQUE

A la suite de la rupture des négociations de Londres, un soupir de soulagement semble s’être élevé à la fois en France et en Allemagne, comme si des deux parts on se sentait brusquement rendu à une situation normale : « Enfin nous n’allons plus être obligés de nous entendre, de nous comprendre! » semblait-on s’écrier dans les deux camps. « Nous voici délivrés de cet insupportable effort pour nous pénétrer les uns les autres, pour nous rendre compte de nos points de vue respectifs, qui nous a toujours coûté tant de peine en nous apportant si peu de résultat ! La guerre reprend entre nous, qui est le seul état où nous nous sentions à l’aise et où nous puissions les uns les autres nous estimer. »

Et, de fait, il est presque effrayant de constater combien les deux mondes de pensée que représentent France et Allemagne ont continué, depuis la paix, de graviter inconciliablement. Pour quiconque a le goût de la psychologie, il y a là un spectacle à la fois enivrant et désespérant. Les deux mentalités semblent prises dans un mouvement qui leur rend impossible à la fois de se saisir et de séparer ; en tout^ elles continuent d’observer automatiquement leurs distances ; pour tout fait donné, en présence de tout problème à résoudre, le même écart d’appréciation, dont il semble par instants qu’on pourrait fixer la valeur en termes mathématiques, reparaît entre elles.

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