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pour qui les strophes de l'Image furent un enchantement. Je viens de rehre ces vers : ils sont admirables. A peine quelques petites taches de bizarrerie, dont l’effet de surprise aura été bien court : les « doigts qui sentent le troène » et ces » cheveux bleus comme des prunes » qui feraient mieux au Luxembourg dans un tableau mythologique de* Mlle Dufau. Mais que de beautés simples ^t touchantes!

Va, et dis à ces morts pensifs
A qui mes yeux auraient su plaire
Que je rêve d’eux sous les ifs
Où je passe’. petite’ et claire-.

Ici, même l’impression visuelle de « petite et claire » ne détourne pas l’attention parce que le sens symbolique se dégage de lui-même.

Et comment, pour peu qu’on sente le délicat et puissant rythme de l’octosyllabe, n’entendrait-on jamais sans délice ces mots souples et doux comme un collier de perles pâles :

Tu leur diras, que je m’endors
Mes bras nus posés sous ma tête....

Et les deux derniers vers du poème :

J’eus le désir de leurs amours
Et j’ai pressé leurs ombres vaines:

qui pourraient trouver place dans l'Anthologie, la vraie.

En relisant ce chef-d’œuvre, je pensais à la reine des Pièces condamnées. A celle qui est trop gaie... Et j’ai cherché la raison de cette involontaire association d’idées et je crois bien avoir trouvé.

C’est qu’à un- certain ordre de beautés, dont je goûte le charme, s’oppose invinciblement dans mon esprit une perfection dont le poème de Baaadelaire est un exemple et dont notre La Fontaine a- donné le modèle. Or, dans l'Image, je cherche en vain le bruit mystérieux des invisibles gonds d’or et de cristal sur quoi tournent les strophes

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