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Solitaire, tu suis le chemin qui mène à toi-même ! Et ton chemin passe devant toi-même et devant tes sept démons !

Tu seras hérétique envers toi-même, sorcier et devin, fou et incrédule, impie et méchant.

Il faut que tu veuilles te brûler dans ta propre flamme : comment voudrais-tu te renouveler sans t’être d’abord réduit en cendres !

Solitaire, tu suis le chemin du créateur : tu veux te créer un dieu de tes sept démons !

Solitaire, tu suis le chemin de l’amant : tu t’aimes toi-même, c’est pourquoi tu te méprises, comme seuls méprisent les amants.

L’amant veut créer puisqu’il méprise ! Que saurait-il de l’amour, s’il ne devait mépriser précisément ce qu’il aimait !

Va dans ton isolement, mon frère, avec ton amour et ta création ; et il sera tard quand la justice te suivra en traînant la jambe.

Va dans ton isolement avec mes larmes, ô mon frère. J’aime celui qui veut créer au-dessus de lui-même et qui périt ainsi. —

Ainsi parlait Zarathoustra.

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