IV
La nature, selon l’expression de Malthus, chasse l’homme primitif de la vie. Tant que l’être humain n’est pas parvenu à un degré suffisant de civilisation et de culture, les forces naturelles le dominent. Il subit les lois de la sexualité, il procrée au hasard des êtres au sein desquels la nature fait l’élimination nécessaire.
L’homme civilisé et cultivé, au lieu de subir la nature, la domine. Avec la foudre qui épouvantait l’homme primitif il fait l’électricité dont il tire pour son profit lumière, chaleur et travail mécanique. Il se fait des ailes, comme les oiseaux et s’envole plus haut qu’eux. La génération cessant d’être pour lui un mystère, il apprend à faire avant l’élimination que la nature brutale ferait après, dans la douleur.
De cette lumière que donne la raison et la science, les classes dirigeantes voudraient en frustrer les masses, comme elles voudraient les frustrer de toute lumière pour mieux les asservir et les exploiter. Alors que le riche fait pour lui-même bon marché des préjugés de l’ignorance, il voudrait que le pauvre s’y soumette, qu’il croie aux religions, qu’il accepte comme inévitables les inégalités sociales.
Les riches, remplaçant aujourd’hui la noblesse se croient comme elle d’essence supérieure. À eux les plaisir, les lumières intellectuelles, les progrès scientifiques ; à eux la vie libre, sans entraves et sans préjugés. Au dessous d’eux croupit la masse dans le travail exténuant et sans espoir, dans l’ignorance, dans l’alcool ; qu’elle croisse et qu’elle