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L’ENTERRÉ VIVANT
—
Au citoyen Auguste Vaillant.
L’air, plein de senteurs capiteuses,
Grisait les couples amoureux.
Je vis un homme, aux mains calleuses,
Descendre, en un trou ténébreux.
Le ciel resplendit ; juin donne
Son suc d’allégresse et d’espoir,
L’essaim fait son miel et bourdonne…
L’homme est toujours dans son trou noir !
Comme on comprend bien la paresse !
Les lézards se disent : « Dormons ! »
Cette brise est une caresse,
Un velours bleu dans les poumons.
— L’homme portait une lanterne ; —
Mais voyez : les lapins, le loir,
Font leur sabbat dans la luzerne…
L’homme est toujours dans son trou noir ;
Un pareil jour, les forêts vertes
Devraient se remplir d’écoliers ;
On tient partout, grandes ouvertes,
Les fenêtres des ateliers.
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